lundi 15 juillet 2024
Bernard Magrez, légende vivante du domaine vinicole, nous dévoile la philosophie de sa passion

Bernard Magrez, légende vivante du domaine vinicole, nous dévoile la philosophie de sa passion

Vos pépinières de start-ups, Bernard Magrez Start-Up Wine, se développent avec leurs lots de concepts originaux. Est-ce que le salut de la filière se trouve pour vous dans l’innovation ? Pour répondre au changement climatique, aux nouvelles tendances de consommation…

Bernard Magrez : Et la protection de l’environnement aussi. La base des incubateurs, avec 49 start-ups à Bordeaux et 15 à Strasbourg, est de se donner des missions pour proposer des solutions étonnantes, qui sortent de l’ordinaire et sont efficaces sur le sol, la pollinisation, le travail avec les satellites… Véritablement, c’est [pour les vignobles Bernard Magrez] un complément à notre entité recherche et développement. C’est un apport beaucoup plus important pour l’avenir de l’entreprise que je ne le pensais quand je l’ai lancé.

La raison de fond pour monter un incubateur était de faire un grand pas de plus dans la philanthropie : aider l’autre, aider les autres. C’est la mission de l’entreprise. J’ai "transpiré" pour arriver là où je suis. J’ai quitté l’école à 13 ans, je suis rentré dans un centre d’apprentissage et j’ai quitté l’étude à 16 ans : comme tout le monde j’avais faim, symboliquement, la rage de m’en sortir. J’ai l’âge que j’ai, et ça continue. La passion efface la fatigue à n’importe quel âge.

Vous qui lisez beaucoup de biographies d’entrepreneurs, vous devez être ravi d’être le mécène de ces pousses prometteuses…

D’autant plus qu’ils me disent : "Magrez, vous êtes une start-up ! Puisque vous avez commencé à 20 ans à deux dans l’entreprise." C’est peut-être pour ça que je vous comprends mieux. Et que je comprends la passion que vous mettez, parce qu’il n’y a rien sans passion dans tous les métiers. Je suis là pour aider ceux qui ont souvent quitté un confort dans une entreprise, avec un salaire qui convenait à la vie de leur famille, et se disent qu’ils ont une idée qui est capable de réussir et de me nourrir.

Le besoin d’innovation est vif dans la filière vin qui semble actuellement à un carrefour, entre le changement climatique, les nouvelles consommations, les enjeux environnementaux et sociétaux… Comme si tout arrivait en même temps.

Tout se mélange. Et ce serait fou de ne pas citer le milieu concurrentiel des vins étrangers. Qui ont en général des fonds de pension et family offices au capital, leur donnant les moyens alors qu’ils visent la même clientèle que nous. Que l’on soit cru classé, cru bourgeois, marques d’AOP Bordeaux… Ces gens-là sont bons techniquement, efficaces financièrement et ont une équipe commerciale propre. Et il y a surtout le fait indéniable que le consommateur recherche de l’innovation qu’il trouve dans les vins étrangers.

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