samedi 27 juillet 2024
Du Champagne retrouvé dans une épave coulée depuis 170 ans Source photo: page Facebook de Tomasz Stachura, le chef du groupe de plongeurs Baltictech

Du Champagne retrouvé dans une épave coulée depuis 170 ans

Des plongeurs polonais ont annoncé, le mercredi 24 juillet, avoir découvert la semaine dernière, au large des côtes suédoises de la mer Baltique, une épave de bateau du XIXe siècle, dont la cale est remplie de caisses, entre autres, de Champagne et d'objets de porcelaine. 

«L'épave est entièrement chargée de caisses de Champagne, d'eau minérale et de porcelaines», a déclaré à l'Agence France Presse (AFP) Tomasz Stachura, le chef du groupe de plongeurs Baltictech. Selon lui, il y une centaine de bouteilles de Champagne parmi les objets retrouvés. «Je plonge depuis 40 ans, il arrive souvent qu'il y ait une ou deux bouteilles... (mais) tomber sur une épave avec une telle cargaison, cela ne m'était jamais arrivé auparavant», a commenté M. Stachura

Une découverte qui devrait intéresser l’ensemble de la filière vitivinicole car si cette fois-ci il s’agit d’une épave retrouvée, la spécificité de la mer Baltique intéresse beaucoup les professionnels, en particulier les maisons de Champagne. Pour preuve, en septembre 2014, quelque 300 bouteilles de Champagne de la Maison Veuve Cliquot ont été immergées par 40 mètres de fond dans la mer Baltique, au large de l’archipel d’Âland (Finlande), pour étudier le processus de vieillissement du vin. 

«C’est une mer très peu salée, ce qui limite la corrosion, et cette profondeur offre des conditions de conservation idéales, avec une eau à température constante d’environ 5 degrés dans l’obscurité complète», avait expliqué Fabienne Moreau, l’historienne de la maison champenoise à l’époque. «Il n’y a pas de courant à cet endroit et à 40 mètres, la pression est légèrement inférieure à celle des bouteilles, évitant ainsi les échanges avec le milieu ambiant.»

Enfermées dans une cage d’acier, les 250 bouteilles issues de plusieurs crus et les 50 magnums avaient été descendus le 18 juin 2014 par des plongeurs au fond de la Baltique, dans le secteur où avait été repêchée en 2010 une cargaison de Champagne dans l’épave d’une goélette coulée au début du XIXe siècle. Au total, 145 bouteilles de la maison Veuve Cliquot, mais aussi Heidsieck et Juglar avaient été retrouvées dans l’épave, dont certaines ont depuis été vendues aux enchères. 

«La conservation exceptionnelle de ces bouteilles immergées pendant presque deux siècles nous avait stupéfait à la dégustation, ce qui nous a donné l’envie de poursuivre l’expérience», avait souligné Fabienne Moreau. Selon elle, l’opération baptisée «Cellar in the sea» doit durer au moins 30 ans, avec la participation d’oenologues des universités de Reims et de Bordeaux. La même quantité de «bouteilles témoins» a été remisée dans une crayère traditionnelle à Reims et des prélèvements sont prévus régulièrement sur les deux stocks pour comparer l’évolution des vins. 

La découverte de la semaine dernière fait rêver et n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle, tenant déjà en haleine les historiens du vin, même si pour le moment, personne ne sait si à cet endroit la mer Baltique à les mêmes caractéristiques. Pour rappel, des plongeurs polonais qui exploraient par hasard un secteur à une quarantaine de kilomètres de l’île Oland, au Sud-Est de la Suède, sont tombés nez à nez avec un navire sinistré dont les cales étaient gorgées de caisses de Champagne et d’objets en porcelaine.

Comme l’a expliqué M. Stachura, l’un des plongeurs, à l'AFP, la présence de flacons d’eau minérale en argile a permis de dater précisément le naufrage, qui remonterait à environ 170 ans: «Nous avons réussi à prendre des photos d'une estampille sur une bouteille, qui s'est avérée celle de la marque allemande Selters – et ces empreintes avaient une forme précise à cette époque.» Pour connaître l’identité des marques de Champagne, à moins qu'elle soit indiquée sur les caisses, il faudra attendre l’ouverture des flacons et l’examen des miroirs des bouchons, sur lesquels les noms des maisons étaient habituellement inscrits.

Les restrictions administratives risquent cependant de retarder de plusieurs mois cet examen. Compte tenu des dosages très importants, au XIXe siècle, pour les bouteilles à destination de la Russie (parfois 200 g de sucre/litre!), et si les conditions de conservation (température et pression de l’eau) sont aussi optimales qu’elles l’étaient pour les bouteilles de Veuve Clicquot découvertes un peu plus au nord au large des îles Aland en 2010, certaines pourraient être encore dégustables.

Dossier à suivre, donc, dès la remontée des fameux flacons.

Source: McViti

À propos de l' auteur

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...