mardi 16 juillet 2024
Emmanuel de Vaucelles

Emmanuel de Vaucelles

Âgé de 45 ans, ingénieur agricole, diplômé de l’IHEDREA (Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole en 1995), j’ai poursuivi mes études par un master de Gestion, Droit et Marketing du secteur Vitivinicole et des Eaux de Vie dépendant l’Université de Paris 10 Nanterre et de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin - 1997). Lire la suite...

La contrefaçon de grands vins a toujours existé, mais le phénomène semble s’intensifier. Pourtant, un sommet de l’arnaque semblait avoir été atteint aux États-Unis, il y a quelques années, avec l’affaire Rudy Kurdiawan, un faussaire indonésien, contrefacteur de bourgognes des Domaines de la Romanée-Conti (DRC) et Rousseau et de dizaines d'autres grands crus principalement français. 

Stéphane Reynaud, dans un article publié le 23 juin 2022 sur le site Le Figaro Vin, nous éclaire sur une nouvelle technologie qui permettrait de lutter contre les contrefaçons en matière de vins haut de gamme. Il nous raconte comment un vigneron bourguignon tente désormais de protéger ses vins.

Soucieux de lutter contre ce phénomène, le prestigieux vigneron des Côtes de Nuits Louis-Michel Liger-Belair, producteur à Vosne-Romanée et Vougeot, participe à la mise en place d'une plateforme dédiée à l'authentification des vins.

Plus précisément, et pour bien comprendre le mode d’emploi de cette innovation, la solution s'appelle WokenWine, du nom d'une nouvelle société luxembourgeoise et créée par le financier Valéry Lux, « un amateur et un consommateur de vin qui a été confronté à des bouteilles douteuses, mais aussi un passionné de nouvelles technologies et un grand connaisseur des questions liées à la blockchain », explique Louis-Michel Liger-Belair au site Le Figaro Vin. Ce dernier est lui-même actionnaire à hauteur de 20% de cette plateforme qui associe chaque bouteille à un NFT, c'est-à-dire un format numérique faisant office de certificat d'authenticité infalsifiable, car enregistré sur la blockchain.

« En disposant de la puce et du numéro de la bouteille, il suffit de se connecter à la plateforme pour identifier ladite bouteille ainsi que son origine et son parcours. WokenWine va associer la puce à un code couleur: elle sera verte quand le vin est encore stocké chez le vigneron, jaune lorsqu'il se trouve chez les intermédiaires, noire quand la bouteille est bue », explique le vigneron. 

L’article du Figaro Vin rappelle que la fraude et la contrefaçon sont une plaie qui concerne des dizaines de milliers de bouteilles chaque année dans le monde. Au sein des institutions chargées du contrôle, les plus pessimistes avancent que 20 % du commerce international de vin serait affecté, ce qui n’est pas sans inquiéter les principaux acteurs du marché et les producteurs en premier lieu. En France, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) contrôle la régularité des opérations de la filière, épaulée par neuf bureaux d'enquêtes vins et spiritueux.

Cependant, le commerce mondial des crus s'est intensifié, internationalisé et de multiples intervenant sévissent dans un monde de la collection devenu parfois nébuleux. Aujourd'hui, alors que de plus en plus de flacons sont échangés sur le Web, beaucoup d'intermédiaires – négociants, spécialistes des enchères en ligne... – endossent le rôle d'authentificateurs, mais avec des compétences variables et une moralité parfois modulée par les intérêts des affaires, disent certains producteurs. De son côté, Louis-Michel Liger-Belair considère qu'il appartient au vigneron de garantir l'authenticité de la production aux différents acheteurs, d’où son projet.

Restera ensuite à faire connaître l'existence de WokenWine et de l'association de certains vins à des NFT qui pourraient inciter des acheteurs à vérifier l'authenticité des bouteilles lors de leurs acquisitions. Autre avantage pour des investisseurs sans cave, comme cela arrive parfois, ce système pourrait limiter les déplacements des vins. Une fois un flacon entreposé dans un lieu idoine, le changement de propriétaire pourrait se résumer à une simple modification de son code, sans aucun déplacement. « Cela peut éviter d'avoir des bouteilles qui font des dizaines de milliers de kilomètres avant d'être vendues, reprend Louis-Michel Liger-Belair. Au-delà des questions de manipulation des stocks et de la stricte protection contre les faux, il s'agit aussi de savoir qui boit le vin et comment il le boit. Cela m'intéresse d'identifier de bons clients que je ne connais pas et de les rencontrer ». Dès juillet, lui-même compte associer à ce système 3 000 bouteilles de sa production, qui oscille entre 20 000 et 30 000 bouteilles chaque année.

Pour le prix d’une telle technologie, qui doit l’assumer? « C'est encore en discussion. Pour le producteur, nous voulons que cela corresponde à moins de 10% du prix de la bouteille. Reste aussi à déterminer si les intermédiaires participeront au coût de cette technologie ».

Mais WokenWine ne sera pas, loin s'en faut, le seul acteur du marché des NFT associé à la sécurité des échanges de vin. D'autres systèmes proposent déjà d'équiper les bouteilles d'un tag RFID garantissant le lien entre la bouteille de vin et les informations contenues dans la blockchain.

Reste que les collectionneurs vont être confrontés à divers systèmes de protections et à terme, il faudra sans doute que le marché se normalise afin de rendre lisible et pratique le suivi d’une bouteille collectionnée. Mais rappelons que si une bouteille peut être associée à une œuvre d’art, il ne faut pas oublier que le vin est tout d’abord une boisson destinée à être partagée entre convives et non pas un objet de spéculation… Mais ça, c’est un autre sujet.

Source : McViti

L’entreprise française Edmond de Rothschild Héritage annonce dans un communiqué de presse avoir conclu un accord avec la famille Skeggs pour acquérir 51,9 hectares à Bannockburn en Central Otago, sur l’île du sud de la Nouvelle-Zélande.

En France, certains esprits chagrins sont persuadés que le vignoble français est en train de passer dans des mains d’entreprises étrangères, ce qui n’est pas tout à fait vrai mais en revanche les Français savent investir aussi au-delà de l’Hexagone et cette fois c’est la Maison Edmond de Rothschild Heritage qui fait la une de l’actualité viticole.

L’acquisition de la Maison Rothschild dans le vignoble de Central Otago pourrait surprendre car lorsque ce pays est évoqué pour le vin, c’est plutôt la prestigieuse région de Marlboro qui est nommée.

Mais le lien entre la France et Otago es historique. En effet, L’occupation européenne dans cette région a commencé avec la ruée vers l’or d’Otago dans les années 1860 et c’est un Français chercheur d’or, Jean Desire Feraud, qui a commencé à planter des vignes et à se lancer dans la production de vin à petite échelle, remportant des médailles dans des concours de vin australiens.  La plantation et la production sont restées modestes jusqu’au milieu des années 1990. En 1996, il n’y avait que 11 établissements vinicoles à Otago, selon le New Zealand Winegrowers, représentant 92 hectares. En 2020, ce chiffre était passé à 133 entreprises et 1930 hectares de vignes, une croissance exponentielle

À environ 300 mètres d’altitude, les vignobles de Central Otago sont protégés du climat maritime caractéristique de la Nouvelle-Zélande par de hautes montagnes atteignant 3 700 mètres. Ils ont ainsi la seule véritable zone climatique continentale du pays, avec de grandes variations de températures. L’été est chaud et relativement sec, et souvent accompagné du vent de foehn du nord-ouest; l’automne est court, frais et ensoleillé; et l’hiver est froid, avec des chutes de neige importantes. Les fortes gelées sont fréquentes tout au long de l’hiver et le gel peut survenir à tout moment entre mars et novembre.

Ce qui fait l’originalité du lieu est que Le contraste climatique entre Otago et les régions viticoles plus humides et plus chaudes du Nord ou se concentre l’essentiel des 30 000 hectares de vignes de Nouvelle-Zélande  peut être illustré par la différence dans la date des vendanges. Dans les vignobles les plus septentrionaux, la cueillette a généralement lieu à la fin de février ou au début de mars, tandis qu’à Otago, la récolte commence entre la mi-avril et la fin avril, soit une différence d’environ six à sept semaines.

Pour rappel, la marque Edmond de Rothschild Heritage réunit les activités art de vivre détenues par le groupe Edmond de Rothschild : domaines vinicoles, hôtellerie, restauration, fromagerie, exploitation agricole et pépinières. L'entité tire ses origines de la Société française des hôtels de montagne (SFHM) créée en 1920 par la baronne Noémie de Rothschild pour développer la station de ski de Megève dans les Alpes. Sous la direction de son fils le baron Edmond de Rothschild, la SFHM se diversifie dans la production vinicole et fromagère. Puis sous l'égide de son petit-fils, le baron Benjamin de Rothschild, et sa femme, Ariane de Rothschild, les activités art de vivre du groupe sont développées et regroupées sous la marque Edmond de Rothschild Heritage en 2016. Depuis 2015, Alexis de la Palme est le président du directoire.

Les vignobles détenus par Edmond de Rothschild Heritage représentent plus de 500 hectares de vignes tant en France qu’à l’étranger le groupe produit en moyenne 3,5 millions de bouteilles de vin chaque année issues des propriétés suivantes :

  • En France, à Bordeaux, le groupe possède le Château Clarke (Listrac-Medoc), le Château Malmaison (Moulis-en-Médoc), Le Château des Laurets (Puisseguin Saint-Émilion) et le Château de Malengin (Montagne Saint-Émilion). Mais surtout Edmond de Rothschild Heritage prend aussi part à la production du champagne Barons de Rothschild et constitue le premier actionnaire du Château Lafite-Rothschild 1er grand cru classé 1855 à Pauillac.
  • A l’étranger, en Europe, le groupe détient Macán (Rioja en Espagne), codétenu avec Vega Sicilia, le sublime domaine de la Ribeira del Duro. Dans les vignobles du « nouveau monde », déjà trois domaines sont dans le portefeuille de l’entreprise française, Rupert and Rothschild Vignerons (Franschhoek Valley en Afrique du Sud), Flechas de los Andes (Clos de los Siete à Mendoza en Argentine, codétenu avec Laurent Dassault entre autre) et Rimapere (vignoble de Marlborough en Nouvelle-Zélande).

Le communiqué de presse rappelle que Cette acquisition de prestige à Otago intervient donc dix ans après la première incursion du groupe dans ce pays des antipodes, qui avait été marquée par l’achat de 24 hectares à Marlborough, donnant naissance au vignoble dd Rimapere.

Concernant cette acquisition, Sur les 51,9 hectares, 34,5 sont recouverts de vignes, majoritairement du pinot noir mais aussi un peu de chardonnay et de riesling. Boris Bréau, directeur général, explique : « Le président de la Compagnie Viticole Baron Edmond de Rothschild, Alexis de la Palme, nous a informés de la demande de Madame de Rothschild, souhaitant trouver le meilleur terroir en Nouvelle-Zélande pour produire un grand vin en pinot noir. » De son côté, Ariane de Rothschild souligne : « Mon époux Benjamin a donné un nouvel élan à l’aventure viticole de la famille en explorant les meilleurs terroirs de destinations plus lointaines. Fidèles à cette stratégie de développement, nous nous engageons à magnifier chaque vignoble pour produire de grands vins, en nous attachant à sublimer les cépages autochtones. La Nouvelle-Zélande, reconnue pour l’excellence de son sauvignon blanc et de son pinot noir, constitue l’un de ces terroirs à fort potentiel. »

Fondée en 1996 par un entrepreneur néo-zélandais, Sir Clifford Skeggs, Akarua est une marque bien installée. Sa direction technique sera assurée par Anne Escale, qui conduit déjà Rimapere depuis 2019 et vit en Nouvelle-Zélande depuis quinze ans.

Avec seulement 30 000 hectares de vignes exploitées, La Nouvelle-Zélande n’en est pas moins l’un des vignobles les plus en vue aujourd’hui avec la mise en valeur de deux principaux cépages, le Pinot Noir pour les rouges et le Sauvignon pour les blancs mais bien d’autres variétés comme le Riesling ou le chardonay se développent dans ce pays en pleine croissance.

Source : McViti

Conjoncture internationale difficile, millésime 2021 jugé en retrait par rapport à ceux de 2018, 2019, 2020, la semaine des Primeurs auraient pu être moroses mais au contraire, les retrouvailles entre acheteurs, journaliste et les propriétaires des Grands Crus a remporté un franc succès cette semaine au cœur du Vignoble Girondin.

Organisée tous les ans au mois d’avril par l'Union des grands crus de Bordeaux qui regroupe les 130 propriétés constituant l'élite du vignoble Bordelais, la Vente en Primeurs avait pour cause de pandémie été remplacée depuis deux ans par l'envoi d'échantillons et des dégustations en visioconférence aux professionnels à travers le monde. Cette année enfin, retour à la normale la manifestation s’installe de nouveau dans le vignoble Girondin.

Un peu d’histoire, la pratique des ventes en primeurs à Bordeaux remonterait au XVIIIe siècle, lorsque le négoce bordelais se rendait dans les châteaux quelques mois avant les vendanges pour estimer et acheter la récolte sur pied – les négociants s’occupaient d’ailleurs généralement eux-mêmes de l’élevage et/ou la mise en bouteille des vins -. Le système des primeurs moderne, tel qu’on le connaît aujourd’hui et qui comprend la fameuse semaine de dégustation en primeurs, a été mis en place au cours des années 1970. Il s’est institutionnalisé au début des années 1980, sous l’impulsion notable du baron Philippe de Rothschild qui organisa une dégustation de son millésime 1982 dès le mois d’avril, alors que son vin était encore en élevage, dégustation largement relayée dans la presse à l’époque.

Cette semaine, près de 5 000 professionnels, parmi lesquels des journalistes et négociants se sont pressés à Bordeaux et dans les châteaux, pour goûter le vin qui ne sera livré que dans 18 mois au plus tôt aux acheteurs.

Mais surtout, c’est une édition qui a vu le retour des professionnels étrangers. Ils étaient 2 300, avec les Britanniques (400 environ) et les Américains (300) comme premières et deuxièmes nationalités. Cependant, les professionnels asiatiques, surtout chinois et hongkongais n'étaient eux pas là, en raison des règles plus strictes liées au Covid-19. Soit environ 500 personnes qui n'ont pas fait le déplacement, tout comme les Russes, mis au ban depuis le début de la guerre en Ukraine. Ainsi, seule une trentaine de kits d'échantillons a été envoyée à Hong Kong cette année pour des dégustations à distance, alors qu'il y en avait eu 400 l'an dernier. La Chine continentale et Hong Kong restent les premiers importateurs de vins de Bordeaux, avec 616 millions euros d'achat en 2021.

Les grands crus se vendent en effet en grande majorité à l'étranger tandis que le marché français ne représente plus que 20 % des débouchés. L'export se porte à merveille avec un chiffre d'affaires de plus de 1,3 milliard d'euros en 2021 selon les Douanes. Avec 16 millions de bouteilles, vendues plus de 22,50 euros l'unité, les volumes sont modestes comparés aux 500 millions de cols produits en Gironde. Ces grands crus pèsent, en revanche, très lourd en valeur et représentent 60 % des exportations de vins de Bordeaux. Les grands crus ont même surpassé de 15 % leurs meilleures ventes qui dataient de 2012 même si ce record tient en partie grâce aux importateurs qui ont reconstitué leurs stocks après la pandémie. « La première destination reste la grande Chine mais la croissance est désormais tirée par les Etats-Unis devenus le marché le plus dynamique suivi par le Royaume-Uni, puis la Suisse et l'Allemagne », analyse Ronan Laborde président de l'Union des grands crus.

Une bonne partie de cette activité est ainsi réalisée grâce aux ventes en primeurs. « Ce système commercial fait toute l'originalité de Bordeaux. Cette semaine des primeurs est notre moment marketing et nous permet de présenter nos vins et d'expliquer aux clients comment nous avons travaillé », résume Nicolas Glumineau directeur général de Château Pichon Comtesse.

Après les dégustations et la publication des notes par les critiques et les journalistes spécialisés, le vin sera mis en vente par les propriétés dès le mois de mai prochain pour être livré dix-huit mois plus tard. Le système de distribution bénéficie a priori à tous les maillons de la chaîne : les propriétés garnissent leur trésorerie, les négociants font une marge sur les ventes et les clients ont l'espoir de voir leur vin prendre de la valeur.

Dès lors, la réussite de cette campagne est évidemment liée aux dégustations. D'autant qu'après plusieurs excellents millésimes, le 2021 marqué par des températures moins élevées et de la pluie sera de moins bonne qualité.

Les ventes en primeur sont toutefois moins massives que par le passé. « Les propriétés ont désormais des politiques très diverses. Certaines continuent à commercialiser plus de 90 % de leur production et d'autres n'en mettent plus que la moitié en marché lors de primeur. Gardant le reste pour le vendre plus tard avec une meilleure valorisation », analyse Georges Haushalter.

Un seul Château et pas des moindres s’est retiré en 2012 de la « grande messe » des primeurs. Le Château Latour 1er grand Cru de Pauillac. Deux raisons principales à ce choix, éviter le coté spéculatif que peuvent entraîner ce modèle de vente et vendre des vins ayant atteint une certaine maturité. Cette année, Le Château Latour met son millésime 2014 à la vente. Jugé audacieux à l’époque, ce choix s’avère payant si l’on en croit la direction du Château. En revanche, il faut avoir la renommée de Latour et avoir un soutien financier important, la propriété appartient au milliardaire François Pinault, pour avoir pris en 2012 un tel risque.

Si la semaine semble s’être particulièrement bien passée à en croire les protagonistes, cette campagne des primeurs pour qu’elle soit couronnée de succès devra aussi modérer la tentation des châteaux viticoles à faire grimper leurs tarifs. « Il faut garder une politique de prix cohérente afin qu'à chaque maillon de la chaîne les intervenants gagnent de l'argent », prévient Nicolas Glumineau, d’autant que ce 2021 arrive après une très belle trilogie de millésimes et que la conjoncture économique semble voir poindre de gros nuages noirs à l’horizon liée une pandémie sans fin et une guerre en Ukraine à l’issus incertaine pour les Européens… A suivre.

Source: McViti

La 61e vente des vins des Hospices de Nuits-Saint-Georges, petite sœur des célèbres enchères des Hospices de Beaune, a établi le dimanche 20 mars un nouveau record, malgré une faible récolte en raison du gel tardif l'an dernier.

L’activité a été soutenue en Côte d’Or en ce week-end des 19 et 20 mars où deux événements se télescopaient, la vente de charité des Hospices de Nuits-Saint-Georges et la Saint Vincent Tournantes qui avait lieu à Pulligny Monrachet.

Il est peu de dire que c’est un retour réussi pour la Saint-Vincent Tournante! En effet, la fête des vignerons a réuni plus de 30 000 visiteurs ce samedi 19 mars sur les 3 villages de Puligny-Montrachet, Blagny et Corpeau. L'engouement était au rendez-vous autour des caveaux de dégustations des vins de l'appellation Puligny-Montrachet. La journée a aussi été marquée par une grande messe et un défilé, autour des quatre éléments terrestres. L'air à Blagny, le feu à Corpeau, l'eau et la terre à Puligny-Montrachet.

Mais une autre sorte de grande messe avait lieu à quelques dizaines de kilomètre de là à Nuits Saint Georges : la 61e vente de charité des Hospices de Nuits.
Et là, une fois de plus, les records sont tombés les uns après les autres en Bourgogne ou les prix continuent à s’envoler dépassant toutes les prédictions. Les enchères ont pour la première fois franchies 2 millions d'euros, à 2,486 millions d'euros (hors frais), en hausse de quasiment 30% par rapport à l'an dernier.

"C'est exceptionnel", a indiqué Alain Cartron, maire de Nuits-Saint-Georges, sous les applaudissements de la foule rassemblée au château de Clos de Vougeot, siège de la Confrérie des chevaliers du Tastevin, du nom de la tasse médiévale de dégustation.

Seulement 109 pièces (fûts de 228 litres) étaient pourtant cette année proposées à la vente, en raison du gel tardif qui a amputé la récolte.

L'année dernière, la 60e vente avait atteint la somme totale de 1,9 million d'euros, pour 114 pièces Cette année, le prix moyen de la pièce a donc lui aussi atteint un record, à 22 481 euros pour les rouges soit une hausse de près de 35% par rapport à 2021 (16 687 euros), et 58 000 pour l'unique pièce de blanc, soit une envolée de 115% sur 2021 (27 000 euros).

Pour rappel, es enchères de Nuits sont au profit de l'hôpital et de la maison de retraite gérés par les Hospices du célèbre village viticole. Tout comme Beaune, les Hospices de Nuits sont en effet un "hôpital vigneron": le service médical est financé par un domaine de 12 hectares de vignes apportées en dons au fil des siècles.

Parallèlement, les Hospices de Nuits réservent traditionnellement un fût au profit d'une association. Cette "Pièce de Charité" a été vendue 41 460 euros au profit de l'APF France Handicap, principale organisation française de défense des droits et d'accompagnement de personnes en situation de handicap. En 2021, la "pièce de charité" était partie à 49 380 euros.

En novembre dernier, les 161e enchères des Hospices de Beaune avaient elles aussi connu une flambée des prix, avec un résultat total de 11,7 millions d'euros (hors frais) soit une inflation moyenne du prix par pièce de 85%. Rappelons que l’offre avait été divisée par deux du fait des intempéries avec seulement 349 fûts de 228 litres contre 640 en 2020.

"Il y a bien sûr une demande très forte pour les vins de Bourgogne", a reconnu François Poher à l’Agence France Presse (AFP), directeur des Hospices civils de Nuits et de Beaune. Reste à savoir jusqu’où cela va aller sachant que certains consommateurs pourraient se détourner de cette belle région si les prix continuent à croître dans de telles proportions.

Source: McViti

Suite au constat du réchauffement climatique, la planète connait sans doute l’une de ses plus grandes révolution industrielle, voir «écoloindustrielle» avec la chasse au CO2 par le passage de l’utilisation des énergies fossiles à l’énergie électrique sous toutes ses formes: éoliennes, photovoltaïques et nucléaires, mais cette révolution crée de fortes inquiétudes, voire de la résistance des citoyens, quel qu’en soit le projet. Faut-il pour autant ne rien faire?

Il est peu de dire que la mise en place de grands chantiers sur les nouvelles énergies rencontre de fortes oppositions. Pour preuve, en France, quand le président de la République, Emmanuel Macron, annonce la création de nouvelles centrales nucléaires, les écologistes se dressent en opposant absolues. Dans le vignoble Bourguignon près de la ville de Beaune, c’est la filière viticole en 2019 qui a mené le combat contre l’implantation d’éoliennes et non sans arguments percutants, les fameux «climats de Bourgogne» étant maintenant reconnus comme Patrimoine mondial de l’UNESCO. Nouvel épisode aujourd’hui, le projet Horizeo, parc photovoltaïque de 1000 hectares à Saucats, en Gironde, qui suscite un vent de défiance parmi de nombreux acteurs locaux. À commencer par les vignerons de l’appellation Pessac-Léognan, en première ligne face aux conséquences potentielles de ce projet sur l’écosystème environnant.

Cet investissement, qui coûtera plus d’un milliard d’euros, est piloté par Engie (ancien Electricité de France – EDF), Neoen, RET (Réseau Transport d’Électricité) et la mairie de Saucats, avec le soutien de l’observatoire des énergies renouvelables Observ’ER, l’opérateur français indépendant en énergies vertes Valorem, la Chambre régionale de commerce et d’industrie et une forte volonté politique, puisque le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en fait un axe majeur de sa politique générale.

Le journal Sud-Ouest et le site Internet Terre de vins ont fait un tour d’horizon sur le projet et les inquiétudes qu’il suscite. Pour rappel, il s’agit de créer le plus grand parc photovoltaïque d’Europe: c’est l’ambition du projet Horizeo, qui pourrait voir le jour d’ici 2027 à Saucats, en Gironde, confirmant le positionnement fort de la région Nouvelle-Aquitaine sur le secteur de l’énergie photovoltaïque après la création d’un premier parc de près de 300 hectares fin 2015 à Cestas. Cette fois, on entrerait dans des dimensions beaucoup plus importantes, puisque Horizeo doit couvrir une surface totale de 2000 hectares en pleine forêt des Landes – dont la moitié accueillerait panneaux et bâtiments, entraînant la coupe d’une énorme quantité d’arbres sur une superficie de 1000 hectares. Face au gigantisme de la chose, de nombreuses associations de riverains, comme de défense de l’environnement, ont déjà manifesté leur opposition au projet, appuyé par la Fédération des industries du bois de Nouvelle-Aquitaine.

Mais la filière bois trouve un relais de taille dans son opposition. Comme le relève Terre de Vins dans son article paru le 7 février sur son site, la filière viticole, et en particulier le Syndicat d’appellation de Pessac-Léognan, s’inquiète des éventuels effets d’un tel projet. Pour preuve, Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier et du Château La Solitude et qui est en charge du suivi de ce dossier pour le syndicat, précise les craintes de la filière: «Trop grand, trop près». Et de préciser: «Nous parlons d’un projet qui va raser 1000 hectares d’arbres en lisière de l’appellation Pessac-Léognan, avec un impact potentiellement grave sur tout l’écosystème environnant. Certaines propriétés ne se trouvent qu’à une poignée de kilomètres de l’emplacement du futur parc photovoltaïque, et nous estimons que nous n’avons pas assez d’éléments tangibles sur les effets potentiels de ce projet sur l’équilibre de notre vignoble.»

Selon le syndicat, malgré le débat public qui a commencé le 9 septembre 2021 et qui s’est terminé le 9 janvier 2022 et dont les conclusions doivent être rendues le 9 mars prochain, tout le projet manque d’une «étude d’impact sérieuse» portant sur trois points que synthétise Terre de Vins :

  • Le parc photovoltaïque d’environ 1GW alimenterait plusieurs «briques» technologiques, dont des batteries de stockage d’électricité, un électrolyseur produisant de l’hydrogène et un data center sur une surface de 5 hectares, autant d’équipements qui peuvent entraîner une forte production de chaleur à proximité du vignoble.
  • La suppression de 1000 hectares d’arbres initialement plantés sur des terres marécageuses soulève la question de la rétention d’eau et de la gestion d’un bassin hydrique, sur laquelle les viticulteurs ne sont pas rassurés.
  • La suppression de 1000 hectares d’arbres soulève, enfin, des interrogations sur de possibles nouveaux couloirs de grêle qui pourraient être créés, exposant les vignes environnantes.

Autant d’inquiétudes qui, comme l’affirme Olivier Bernard, «ont été formulées dès l’automne dernier», mais qui n’ont pour l’instant trouvé «aucune réponse satisfaisante».

Pour résumer la difficile équation qui est posée par cet investissement au cœur de la Gironde, Horizeo cristallise beaucoup de sujets très actuels, de la nécessaire augmentation de la part d’énergie renouvelable voulue entre autres par l’Union européenne à la dépendance accrue vis-à-vis de la Chine en matière d’équipements photovoltaïques, en passant par la réduction du bilan carbone, pour lequel les équipes de l’INRAE ont été sollicitées et la défense de la biodiversité. Bruno Hernandez, directeur du projet, indiquait à ce sujet, en novembre dernier à la radio France Bleue Gironde, que sur les 2000 hectares couverts par Horizeo à Saucats, seul un millier d’hectares sera effectivement consacré à la construction des équipements: « Les hectares auxquels nous ne toucherons pas sont ceux dans lesquels vous trouvez la plus grande richesse en terme de biodiversité». Il ajoute: «Nous replanterons au moins deux arbres pour chaque pin abattu».

Malgré un discours des promoteurs qui se veut rassurant, le débat est loin d’être clos et les inquiétudes de fonds demeurent pour la filière viticole. À ce stade, aucun recours en justice n’est officiellement envisagé par les vignerons de Pessac, mais le message qu’ils veulent faire passer est qu’ils entendent bien faire preuve de vigilance dans les semaines à venir et défendre les intérêts de leur appellation.

À suivre, donc, après les premières conclusions qui en sortiront le 9 mars.

Source : McViti

En 2021, la France a produit 37,5 millions hectolitres de vin d'après les données provisoires des déclarations de récolte arrêtées au 7 janvier 2022 et présentées par la direction générale des douanes ce 12 janvier durant le conseil spécialisé vins de FranceAgriMer rapporte l’Agence France Presse (AFP).

Contrairement aux prévisions, la récolte 2021 n'est pas descendue sous les 35 millions hl, certains avaient même craint un niveau planché à 33 millions hl. Le bilan par bassin confirme l'hétérogénéité des situations selon les zones.

Malgré une succession de catastrophe climatique qui a touché l’ensemble de l’Hexagone commencé dès le milieu du printemps, le gel, les pluies, la coulure puis la sécheresse, la récolte 2021 reste supérieure à la production enregistrée en 2017 sur le territoire français (36,8 millions hl). La baisse reste tout de même conséquente, presque -20 %, en comparaison du millésime 2020 (mais la perte ne s’élève finalement qu’à -12 % par rapport à la campagne 2019). Même avec cette révision à la hausse, la France reste en volume à sa place le troisième pays producteur de vin au monde d'après les données de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV).

En synthèse, nous pouvons regrouper les régions viticoles en trois niveaux de récoltes. Les vignobles du Val de Loire-Centre et de Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura affichent les baisses de volumes les plus importantes, autour de -34 % par rapport au millésime précédent. Mais à l’intérieur de ces zones, des secteurs ont été plus impactés que d’autres comme par exemple dans les Cotes de Beaune ou certains Vignerons ont vu une perte de 90% des volumes suite au gel d’avril sur le Chardonnay. Ce sont des célèbres villages comme Meursault ou Pulligny qui ont été les plus sévèrement touchés.

Concernant la Champagne, le Languedoc-Roussillon, les Côtes du Rhône et le Sud-Ouest, ces régions oscillent entre -20 et -25% en termes de baisse de production. Là encore il y a de fortes disparités lié entre autre aux cépages plus ou moins tardifs donc qui ne vivent pas de la même façon les caprices du temps sur un même secteur. En Corbières, dans le Languedoc si la Syrah a souffert du gel et de sècheresse de l’été, les Carignans plus tardifs ont été superbes profitant entre autres de quelques pluies mi-septembre permettant de revigorer la plante. Et de redonner un peu le sourire à la filière 

Malgré des craintes liées aux incendies du mois d’août, la partie Sud-Est du pays apparaît la plus préservée, les chiffres parvenant de Provence semblant même indiquer un volume de récolte supérieur à 2020. Reste à voir le niveau qualitatif mais les amateurs de rosés peuvent être partiellement rassurés.

Et chez nos voisins qu’en est-il. En novembre Bruxelles publiait un premier état des lieux de la récolte. En2021, l'Europe enregistre une forte baisse de sa production vitivinicole d'après les estimations de l’Union Européenne (UE), qui souligne l'instabilité de plus en plus forte des vendanges ces dernières années.

Comme en France, l'hétérogénéité d'un vignoble à l'autre est l'une des principales caractéristiques de ce millésime marqué par les aléas climatiques. L’UE  aurait produit 143 millions d’hectolitres de vins et de moûts d’après les dernières données  soit une baisse de 12 % par rapport à 2020. Sur ces 23 millions hl manquants sur le millésime 2021, un peu moins de la moitié est due à la petite récolte française. « Avec une production estimée à 44,5 millions d'hectolitres (-9 %), l'Italie resterait le plus gros producteur de l'Union Européenne, suivie de l'Espagne (39 millions d'hectolitres, -15 %) », souligne la Commission Européenne.

Mastodontes du vignoble européen, l’Italie, l’Espagne et la France représentent 80 % de la production communautaire. Concernant les autres vignobles comme l’Allemagne (8,4 millions hl, +4 %) ou du Portugal (6,4 millions hl, +1 %) et d’Autriche (2 millions hl, -4 %), ces pays présentent des vendanges plutôt stables, quand celles de Roumanie bondissent (4 millions hl, +30 %) et que celle de Grèce s’effondre (2,3 millions hl, -25 %).

« Avec un volume relativement faible, la récolte 2021 serait inférieure de 11 % à la moyenne des 5 dernières années, mais toujours supérieure à la récolte 2017. Ce dernier était le plus bas des 20 dernières années, avec une production européenne de 144 millions d'hectolitres » ajoute Bruxelles. Si le gel du printemps 2021 est historique en France, il aurait moins marqué en Europe. Mais « depuis près de dix ans, la production a varié d'une année à l'autre dans des proportions beaucoup plus importantes qu'au cours de la décennie précédente. Cette instabilité des volumes produits apparaît comme la conséquence directe d'aléas climatiques majeurs de moins en moins prévisibles et de plus en plus fréquents » alerte la Commission Européenne, qui a indiqué une hausse de 10 points de son aide à l’assurance récolte face au changement climatique à l’instar du ministre français de l’agriculture, Julien de Normandie, qui travaille à l’élaboration d’un texte facilitant l’accès aux assurances récoltes devenues parfois trop chers pour la filière.

Si la production est en baisse, les marchés sont particulièrement actifs et les prix des vins des plus prestigieuses régions Européens s’envolent lié entre autre à  une demande asiatique toujours plus importante. Il n’en reste pas moins que pour la filière des vins classique le manque à gagner lié à de faibles volumes met en péril certains équilibres économiques et devraient favoriser le phénomène de concentration déjà bien entamée depuis quelques années.

Source : McViti

Nouveau rebondissement dans le classement 2022 de Saint-Émilion, dont l’examen est en cours : après les châteaux Cheval Blanc et Ausone, c’est un autre Premier Grand Cru Classé ‘A’, Château Angélus, qui décide de retirer sa candidature.

Les communiqués de presse se succèdent avec des annonces spectaculaires. Un certain malaise semble régner sur Saint Emilion et son classement qui a pourtant participé dans le passé à faire la renommée de cette historique appellation.

Pour rappel, le premier des classements des vins de Saint-Émilion a été effectué en 1955, à la suite d'une décision prise en 1954 par le Syndicat viticole des vins de Saint-Émilion. Il s'agit d'un classement des crus de l'appellation saint-émilion-grand-cru et non de ceux de l'appellation saint-émilion qui n'a pas de classement officiel.

Différence notable avec Saint Emilion, contrairement au classement de 1855 (classement ne concernant que des vins de la rive gauche de la Garonne), il est révisable tous les dix ans. Depuis sa création, ce classement décennal a été revu six fois : en 1959, 1969, 1986 (les dix ans n'ont pas été respectés), 1996, 2006 et 2012. Le prochain est attendu pour septembre 2022 mais il fait « causer dans la campagne ».

Le Classement se découpe en trois catégories : les 1ers Grands Crus Classés A (ils sont 4 depuis 2012 et n’étaient que 2 avant (Château Cheval Blanc, Château Ausone, Château Pavie, Château Angélus), les 1ers Grands Crus Classés B au nombre de 9 et 69 Grands Crus.

À la suite d'un imbroglio judiciaire très dense, qui faisait suite au classement de 2006, le règlement a été modifié et il se déroule désormais sous l'autorité de l'Institut Nationale des Appellation d’Origine (INAO) et du Ministère de l’Agriculture au travers d’une commission ou siège aussi les acteurs locaux du vignoble. C'est sous cette autorité que le classement de 2012 a été établi, qui consacre 82 propriétés après dix mois d’audits divers.

Afin d’éviter les conflits un cahier des charges très précis a été établis avec une notation sous forme de points ou les vins sur plusieurs millésimes étaient jugés mais aussi rentrait en ligne de compte d’autres caractéristiques comme l’œnotourisme, entre autres.

Le mardi 4 janvier, le Château Angélus vient d’annoncer le retrait de sa candidature par un long communiqué de presse. Déplorant les procédures « toujours en cours » sur le classement de 2012, rappelant les problèmes qui avaient déjà entouré le classement de 2006 et pointant du doigt le fait que deux propriétés ont déjà posé un recours devant la justice concernant le prochain classement 2022 (les châteaux Croix de Labrie et Tour Saint-Christophe, pour des questions d’assiette foncière, Angélus évoque un « contexte délétère », « en prend acte et quitte ce système en se retirant du classement de 2022 » Le château poursuit : « Naturellement, la décision récente qui, après plus de dix années de procédure, a sanctionné Hubert de Boüard (actuel co-président d’Angélus - NDLR) au paiement d’une amende en lui reprochant sa participation aux instances professionnelles, nous conforte dans ce choix de nous extraire d’une procédure dont la viabilité ne parait plus assurée, et dont les avantages n’équilibrent plus les risques de mises en cause injustes. Avec humilité, Angélus continuera d’inscrire sa trajectoire dans la même quête d’excellence et se consacrera plus que jamais à sa vocation première, que perpétue la famille de Boüard de Laforest depuis huit générations : produire de grands vins propres à traverser les époques, qui soient le reflet de leur appellation, de leur terroir et de chaque millésime. » En conclusion, Stéphanie de Boüard-Rivoal, Présidente d’Angélus, déclare : « Si les valeurs qui nous sont chères et la dynamique dans laquelle Angélus est aujourd’hui engagé nous conduisent à considérer le système actuel comme inadapté aux enjeux de notre domaine et de son appellation, l’attachement de notre famille à la région et à la réputation de ses vins demeure intact. Angélus continuera à faire rayonner Saint-Emilion et les grands crus du bordelais sur tous les continents, et sous toutes les latitudes. »

Reste que cette défection s’ajoute aux retraits de deux autres prestigieux domaines classés « premier grand cru » ​en catégorie A – soit le sommet de la pyramide –, les châteaux Ausone et Cheval-Blanc. La partie terroir et dégustation occupait une part trop minime par rapport au réceptif ou aux réseaux sociaux​, avait justifié, en juillet, Pauline Vauthier qui dirige Ausone. Ces deux châteaux, classés A depuis 1955, reprochent notamment au cahier des charges de ne pas accorder une place suffisante à la dégustation des plus anciens millésimes : seuls ceux ayant été produits après 2004 sont actuellement pris en compte. Sur les quatre propriétés figurant en catégorie A, il ne reste donc que le château Pavie à maintenir sa candidature. Elle suit son cours​, indique-t-on dans l’entourage de Gérard Perse, à la tête de ce château.

Indépendamment de ces grands châteaux qui peuvent sans doute se permettre de ne pas apparaître dans ce classement, pour nombre de propriétés y figurer ou non engendre d’importantes conséquences : sur le prix de vente des vins, sur la valeur immobilière des terres, sur la capacité à investir… Autrement dit, il peut être très lucratif d’en faire partie, même si pour une entreprise familiale le risque pourrait porter sur la transmission. En effet, bon nombre de propriété sont vendues faute d’héritier pouvant indemniser le reste de la famille lors d’une succession. Cependant, l’INAO qui supervise ce classement, note ainsi avoir reçu de nombreuses candidatures, il y a davantage de domaines candidats en 2022 que pour le classement de 2012. Cela montre l’émulation et l’investissement collectif à Saint-Emilion.

L’INAO conteste en tout cas les critiques formulées : Selon le règlement de 2022, les notes relatives aux critères concernant le terroir et le vin représentent 70 % de la note finale en grand cru classé et 60 % en premier grand cru classé.

Mais la grande question qui se pose maintenant à  la Commission est : est-ce que les défections des trois plus grandes propriétés vont porter un fort préjudice au futur classement 2022 ? « C’est à redouter. Cette nouvelle fait mal à tout le monde, c’est sûr, mais notre état d’esprit est de continuer à aller de l’avant, et de revendiquer la force collective de ce classement, admettait en juillet dernier, Franck Binard, le directeur du Conseil des vins de Saint-Emilion, après les retraits d’Ausone et Cheval-Blanc. Maintenant, avec l’abandon d’Angélus, le président du Conseil des vins, Jean-François Galhaud, regrette, d’un point de vue collectif, cette décision, motivée par des raisons personnelles notamment en raison de la condamnation récente faite à Hubert de Boüard. Mais il reste persuadé que ce classement révisable tous les dix ans demeure un formidable outil de challenge, d’émulation et de modernité​. »

Malgré ce discours qui se veut rassurant, il est à parier en tous les cas, que les membres de la commission souhaitent que ce feuilleton à rebondissement connaisse des jours meilleurs mais il est vrai qu’après les critiques subits sur le classement de 2012, une révision de certains critères en tenant compte des principales remarques des candidats auraient permis d’éviter cette mauvaise publicité autour du nouveau classement. Et à terme qu’elle légitimité quand les principaux favoris ne concourent pas ? Aujourd’hui, personne ne peut dire si la nouvelle hiérarchie sera bien née mais la gestation de ce nouveau bébé bordelais est, elle, bien chaotique… Suite au prochain épisode.

Source : Mc Viti

L’Appellation d’Origine Protégée (AOP) Champagne représente environ 33 000 Ha soit 4% de la surface viticole française (796 000 Ha) mais le chiffre d'affaires de la filière champenoise devrait dépasser 5,5 milliards d'euros pour 2021 pour 315 millions de bouteilles, surpassant le record de 5 milliards atteint en 2019,alors que le chiffre d’affaire pour l’ensemble des vins français dont la Champagne ne dépasse à peine les 12 milliards d’Euros. Il est peu de dire que la région est un acteur majeur du monde agro-viticole Hexagonale.

Le Champagne à l’occasion des fêtes de Noël et du réveillon du 31 décembre va couler à flot tant en France qu’à l’étranger. Néanmoins, la concurrence internationale des bulles, les effets d’un confinement mondial et les changements d’habitude de consommation oblige les opérateurs du secteur à se renouveler et pas seulement en termes de marketing. Pour la France par exemple, face à la spirale baissière des ventes avec la perte de 40 millions de bouteilles sur le marché, il faut bien reconnaitre que les gisements de croissance se trouvent désormais à l'export ce qui oblige les opérateurs à muscler leur force de vente.

Les grandes manœuvres doivent donc aussi se dérouler sur un plan capitalistique, c’est le cas en ce moment avec ces deux acteurs de la coopération champenoise.

Pour mémoire et en simplifiant schématiquement, il y a trois grandes familles de metteurs en marché dans le secteur viticole : les vignerons indépendants qui produisent leur vin via leur exploitation et font de la vente en direct, le négoce qui achète soit les raisins soit le jus et qui après élevage vendent sur le marché et les coopératives qui commercialisent la production de leurs associés coopérateurs, les vignerons. C’est cette dernière filière qui connait une transformation spectaculaire en cette fin d’année 2021.

Les vignerons du Centre vinicole-Champagne Nicolas Feuillatte (CV-CNF) et de la Coopérative régionale des vins de Champagne (CRVC) étaient réunis mercredi en assemblées générales extraordinaires pour se prononcer sur le projet de fusion entre les deux entités, qui donnerait naissance à un nouveau géant du champagne.

Marque leader en France et troisième opérateur mondial en volume, le CV-Champagne Nicolas Feuillatte a réalisé un chiffre d'affaires de 212 millions d'euros en 2019, et regroupe 5000 vignerons et 72 coopératives. La coopérative avec qui il s'allierait, plus petite avec 55 millions d'euros de ventes, rassemble 723 vignerons et 23 coopératives, et vend notamment sous la marque Champagne Castelnau.

Le regroupement resterait derrière le groupe LVMH, qui est de loin le numéro un du secteur, avec ses marques Moët & Chandon, Mercier, Ruinart, Veuve Clicquot, Krug, Dom Perignon, etc.

Autre conséquence de ce mariage, il ne faut plus dire « Centre vinicole – champagne Nicolas Feuillatte (CV-CNF) » ni « Coopérative régionale des vins de Champagne » (CRVC). Les deux entités, poids lourds du monde de la coopération vinicole, fusionneront le 31 décembre prochain, en un seul et même groupe, baptisé « Terroirs & vignerons de Champagne ».

Reste à savoir si cette fusion n’est qu’un prélude à de vastes restructurations ? A suivre, donc.

Source : McViti

Ce dimanche 21 novembre 2021 dans la Halle de la ville de Beaune tous les records ou presque ont été battus : déjà par la plus petite récolte proposée aux acheteurs depuis longtemps, par la Pièce du Président qui s’est envolée une fois encore et par des prix stratosphériques pour le reste des lots.

La notoriété des vins de Bourgogne n’est plus a démontré. Les grands vins de la Côte de Nuits et de Beaune atteignent des prix inimaginables sur tous les marchés comme les vins du Domaine de la Romanée Conti, ceux d’Henri Jayer ou d’autres. Cette année, le vignoble Bourguignon a perdu environ la moitié de sa récolte après un épisode de chaleur suivi de gelées au printemps, puis par un été très pluvieux : le volume attendu pour le millésime 2021 sera de 900.000 à 950.000 hectolitres contre 1,56 million en 2020, selon le BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne). Sur ces dix dernières années, les effets de la météo ont fait perdre l’équivalent de trois récoltes à cette région. Raréfaction de l’offre et hausse de la demande, cela donne un cocktail explosif qui fait que même la phrase « inflation galopante » est encore en dessous de la vérité pour décrire le phénomène que nous connaissons actuellement.

Pour les Hospices, le phénomène est identique voir amplifié vu la renommée du site et de ses vins. Pour sa récolte, pas de miracle, le volume a été historiquement faible, seulement 349 "pièces" de primeurs rouge et blanc, des fûts de 228 litres correspondant à 288 bouteilles, étaient proposées aux acquéreurs - contre 630 l'an dernier. Les rendements ont été de 14 hl/ha, contre 30-35 une année normale. Ce sont les blancs qui ont le plus souffert du gel, le Chardonnay étant plus précoce que le Pinot Noir. De même, les Pinots Noirs de la Côte de Beaune ont été moins productifs que ceux de la Côte de Nuits pour les mêmes  raisons. Sans parler des maladies qui se sont invités au début de l’été. « Une année hostile » comme l’a indiqué  Ludivine Grivault régisseur du domaine des Hospices.

La conséquence, la vente des 362 lots a atteint un prix moyen par lot de 34 980 E soit 12,7 millions d’euros. En 2020, 638 lots avaient été vendus pour un montant moyen de 21 690 E. pour rappel et bien visualiser la dérive tarifaire des vins des Hospices, en 1991, les 553 lots ressortaient avec un prix moyen de 3543 E, en 2001, les 696 lots étaient échangés pour 5526 E en moyenne. En 2011, les 761 lots ont trouvé preneur pour un prix moyen de 6496 E. Enfin, en 2016, les 585 lots ont atteint une moyenne de 13085 E. La hausse laisse songeur. Mais surtout, quel que soit le niveau qualitatif de la récolte les prix grimpent inexorablement.

Le clou des enchères, la "Pièce de Charité", ou "Pièce du Président", un fût de Corton Renardes Grand Cru, est parti à 800.000 euros (hors frais) contre 660.000 l'an dernier. « Ca, c'est un vrai chiffre! C'est historique », a lancé l'acteur Pio Marmai qui a animé cette vente comme un bonimenteur professionnel, aux côtés de Jeanne Balibar. Nul doute que sa prestation a eu un véritable impact sur le prix vu l’ambiance qu’il a mis.  Cette année, le bénéfice est destiné à "Solidarité Femmes", un réseau associatif dédié aux victimes de violences conjugales, et à l'Institut Curie, pour la recherche contre le cancer du sein.

Outre les Hospices de Beaune qui peuvent se réjouir, les gains vont leur permettre de continuer à investir dans leur Hôpital et leur EHPAD, l’organisateur des enchères, Sotheby’s a de quoi être plus que satisfait. En effet, pour la première fois à la tête de l’organisation de cette vente, l’entreprise Américaine qui commence à s’implanter en France, attendait beaucoup de ces enchères médiatiques. Sotheby’s souhaite faire de Paris sa quatrième plateforme de ventes dans le monde, après New-York, Londres et Hong-Kong.

Pour mémoire, le domaine des Hospices de Beaune réunit sur 60 hectares les plus grands crus de Bourgogne (Beaune, Pommard, Volnay, Meursault, Chassagne-Montrachet, Corton, Pouilly-Fuissé, Mazis-Chambertin, etc.). Les grands vins font rêver, les grands Bourgognes particulièrement, ceux des Hospices surtout mais le prix de ce rêve de posséder une bouteille dans sa cave mais aussi de pouvoir la déguster ne devient-il pas déraisonnable ? Jusqu’où les prix vont-ils pouvoir encore monter ? Ne sommes-nous pas en train de passer de la passion à la spéculation ?

Source : McViti

Avec Philippe Castéja, qui a été relaxé, Hubert de Boüard a été condamné, lundi 25 octobre, pour prise illégale d’intérêt dans le classement 2012 des grands crus de Saint-Emilion, une décision qui ne sera pas sans conséquence.

Il est peu de dire que le verdict a eu l’effet d’une bombe dans le microcosme viticole. Nous en voulons pour preuve les nombreux articles parus sur le sujet par tous les médias suite à la dépêche de l’Agence France Presse (AFP)  rapportant les attendus du procès. Et pour cause, c’est l’une des grandes figures du Bordelais qui a été condamné.

Âgé aujourd’hui de 65 ans, père de quatre enfants, Hubert de Boüard est un incontournable du Bordeaux Viticole. En 1985 il prend la direction  du Château familial, Angélus, et dans la foulée achète le Château de Francs avec Dominique Hébrard. En 1998, il achète le Château La Fleur Saint-Georges à Lalande de Pomerol où il produira « La Fleur de Boüard ».  Il est aussi copropriétaire en Afrique du Sud d’un domaine et consultant en France, au Liban, en Espagne et en Thaïlande pour de multiples maisons viticoles. Il a eu aussi de nombreuses fonctions au sein des différents organes viticoles comme Président du Comité Régional de l’INAO de Bordeaux entre autres.

Et c’est bien cela qui lui a été reproché. Poursuivi sur la période du 6 juin 2010 au 31 décembre 2012 pour avoir été propriétaire du Château Angélus, consultant de grands crus classés alors qu’il présidait le syndicat AOC de Saint-Émilion et siégeait au comité national des vins AOC de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité), Hubert de Boüard était passible d’une amende maximale de 75 000 € pour prise illégale d’intérêt à l’époque des faits.

Or, situation ubuesque, le procureur de la République, Jean-Luc Puyo, ce 21 septembre dernier s’est trompé lors de sa réquisition : Les 5 ans de prison et 500 000 euros d’amende évoqués par lui n’étant en place que depuis le 8 décembre 2013. Le procureur ne pouvait dont requérir 100 000 € d’amende, en vertu de l’article 49 de la charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, qui précise qu’« il n'est infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'infraction a été commise. Si, postérieurement à cette infraction, la loi prévoit une peine plus légère, celle-ci doit être appliquée,» rappelle le site Vitisphère dans un article paru le 24 septembre. Le tribunal n’étant pas lié aux réquisitions, il a pu statuer à partir de la peine maximale en vigueur.

Finalement, lundi 25 octobre, Hubert de Boüard a été condamné à 60 000 euros d’amende, dont 20 000 avec sursis, pour de « multiples participations à tous les stades de la procédure », entre 2010 et 2012, alors qu’il était chargé d’une mission de service public (membre du comité des vins de l’INAO, rattaché au ministère de l’agriculture) et avait des intérêts dans plusieurs propriétés candidates et primées, dont Angélus. Philippe Castéja, autre ponte du Bordelais et propriétaire du château Trotte Vieille, qui avait comparu également fin septembre, a été relaxé, rappelle dans sa dépêche l’AFP.

Pour rappel, en 2012, Angélus avait été promu premier grand cru classé A, sommet de la pyramide, et Trotte Vieille maintenu en classe B. Huit autres propriétés candidates pour lesquelles Hubert de Boüard était consultant ou superviseur avaient, par ailleurs, été récompensées.

Au procès, les deux prévenus avaient énergiquement nié en bloc avoir usé d’une quelconque influence dans ce prestigieux classement, révisable tous les dix ans, qui garantit d’importantes retombées commerciales, financières et médiatiques Mais le tribunal correctionnel a finalement estimé que le comportement de M. de Boüard, absent lundi, était « manifestement l’expression d’un entre-soi » et constituait un « trouble grave à l’ordre public économique et social ».

« Des termes cinglants », a relevé Me Eric Morain, l’avocat des parties civiles, trois propriétés familiales recalées en 2012. « C’est un bel épilogue et un soulagement après huit ans de parcours du combattant », a-t-il ajouté, malgré la pointe de déception de ses clients qui n’ont pas obtenu de dommages et intérêts. « Il est condamné à 20 caisses d’Angélus !… », déplorait ainsi l’un d’eux, dans une analogie avec le prix élevé du vin du Château du même nom.

« Ce jugement, c’est aussi un appel pour que les choses se fassent mieux à l’avenir », a repris MMorain. Ce classement « est une vitrine qui doit être irréprochable et qui ne l’a pas été [en 2012] ».

L’avocat d’Hubert de Boüard, Me Antoine Vey a déclaré à l’Agence France-Presse qu’ils se laissaient le temps de comprendre le jugement avant de décider de faire appel ou non. Même si la tentation de laver son nom pourrait l’emporter, un appel prolongerait la procédure pénale de plusieurs mois avec le risque de jeter le discrédit sur la mouture 2022 du classement, en cours d’élaboration sur des critères plus ou moins semblables à celui de 2012 et attendue pour juin.

D’autant plus que sur un autre front judiciaire, la cour administrative d’appel de Bordeaux doit se prononcer sur la validité de ce classement, contestée pour la pertinence de certains critères de notation. Une décision est attendue pour début 2022, avant la publication du nouveau classement.

« Si le juge administratif annule le classement 2012, alors le 2022, un copié-collé du précédent [en termes de critères], risque la même chose. Et il pourrait même ne plus y avoir un classement de Saint-Emilion avant un bon bout de temps… », souligne Pierre Carle, propriétaire associé de Croque-Michotte, un des trois châteaux plaignants.

Au-delà des prétoires et des multiples procédures, la stature du classement a été plus qu’égratignée cet été par la non-candidature pour 2022 des châteaux Ausone et Cheval-Blanc. Comme d’autres propriétés, ces poids lourds historiques, les deux seuls à être premiers grands crus classés A depuis l’origine, jugent que ses critères laissent trop de place à des « éléments secondaires » (notoriété, accueil du public…) au détriment des « fondamentaux » (terroir, dégustation…). Une décision que tout le monde ne peut pas se permettre. En effet, selon l’INAO, il y a plus de domaines candidats en 2022 qu’en 2012. Mais sans les deux principales têtes de série, le classement pourrait perdre de son prestige…

Source : McViti