mercredi 17 juillet 2024
On perd toutes nos balises avec le facteur temps en confinement

On perd toutes nos balises avec le facteur temps en confinement

Comme à peu près tout le monde, je ne pensais pas vivre un jour pareille situation : ce mélange sidérant d’hyperconnectivité numérique et de jachère sociale, d’urgence absolue et de calme apparent, de tranquillité dans les rues et de course contre la montre en certains autres lieux, tels les hôpitaux.

Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss avait inventé le terme de « fait social total ». La pandémie en cours représente davantage encore : c’est un « fait mondial total », puisqu’elle concerne l’humanité tout entière. Elle touche tout le monde, directement ou indirectement, et chacun a quelque chose à en dire. Quant au confinement, qui, lui, n’aura affecté que la moitié des humains, il se contente de n’être qu’un fait mondial semi-total, ce qui est déjà extraordinaire.

Cette expérience exceptionnelle ne va certes rien changer au temps tel que le figurent les équations de la physique, et il n’y a nul doute que toute minute du monde d’après durera toujours 60 secondes, qu’elle soit de douleur ou d’extase, de télétravail ou d’ennui. Mais elle trouble notre perception du temps : les jours de confinement en viennent à tous se ressembler ; notre métrique des durées devient de plus en plus molle ; le défilement des heures manque de rythme, de figures imposées, de marqueurs, de rendez-vous, de sorte que la place que nous occupons au sein du temps semble s’étaler, presque s’évanouir.

C’est le premier paradoxe dont le confinement nous fait prendre conscience : le fait d’avoir du temps nous fait perdre la notion même de temps.

Pour bien sentir le temps qui passe, faudrait-il donc se laisser « intoxiquer par la hâte » ?

Lire l'article complet: TheConversationCanada du 29 avril 2020